L'impôt progressif: un indicateur de démocratie

 L a démocratie est née avec l'impôt progressif à taux maximal élevé; quand j'entends les Seillière et compagnie se plaindre qu'eux-mêmes ou que leurs entreprises — donc au final eux-mêmes — paient trop d'impôts, ou que les taxes sur les successions sont trop élevées, je rigole: atuellement, le taux appliqué à la dernière tranche pour l'impôt sur le revenu est de 56%, soit moins de 45% après abattements; vers 1920, il était de 80%, et sans abattement… Et bien sûr les autres impôts et taxes allaient de conserve. Quel était le but du législateur ? Et bien, redistribuer la richesse, prendre aux riches pour donner aux pauvres, instaurer plus de justice et de réaliser la devise de la République: «Liberté, Égalité, Fraternité». Le riche en redonnant une (bonne) partie de sa richesse au pauvre, se montrait fraternel; le pauvre étant moins pauvre et le riche moins riche, tous deux se trouvaient plus égaux devant les aléas de la vie; et comme il n'y a pas de liberté sans égalité[1], l'impôt progressif sur le revenu avec taux élevé sur les plus hautes tranches était la solution logique pour que l'égalité de fortune et la liberté d'en jouir soit établie.


[1] «La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui: ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits», énonce l'article 4 de la «Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen» promulguée par «les représentants du peuple français, constitués en Assemblée nationale», le 26 août 1789. En toute logique, pour établir cette liberté qui est un «des droits naturels et imprescriptibles de l'homme», il faut instaurer une certaine égalité entre les citoyens. Par l'impôt, entre autres.